BOREL D'HAUTERIVE : Histoire des armoiries des Villes de France

Armoiries, armes, blason, écu: dessin réalisé avec Euralsuite.
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GRENOBLE

ARMES: d'or, à trois roses de gueules.

Les monnaies des évêques de Grenoble frappées au douzième siècle portaient devant le mot gratianopolis une rose au lieu de la croix qui se met d'ordinaire au commencement des légendes. Ne serait-ce pas une preuve que dès lors la rose était l'emblème favori de la ville ou des évêques?
Paillot, dans sa Parfaite Science des armoiries, et d'Hozier, dans son Armorial général et officiel, ont enregistré les armoiries de Grenoble comme nous les avons données.
Quelquefois on blasonne les roses boutonnées d'or; mais les meilleures autorités ont omis ce détail.
La plus ancienne empreinte du sceau de Grenoble que nous connaissions représente une cité avec remparts, porte, pont et clochers.

Elle a pour inscription: SIGILLUM CIVITATIS GRATIANOPOLIS, et se trouve au bas d'un acte de 1498. Mais l'existence d'un sceau de la ville remontait déjà au moins à deux siècles; car une charte du 2 janvier 1304 (Archives de Grenoble, livre de la chaîne d'or, fo 37, 20) dit que les conseillers des consuls de la ville leur ont remis une lettre pour qu'elle fût revêtue du sceau dudit consulat.
Quoique cette empreinte représente seulement un emblème de la ville, Grenoble possédait déjà son blason et avait des roses pour symbole héraldique. Un article des comptes de 1398 constate la dépense de 8 gros 1/2 pour quatre écussons aux armes de la ville, destinés au service funèbre d'Hugues de Commiers, doyen du chapitre de la cathédrale. Un autre compte de l'an 1409 constate le payement fait à Simonet Jacquemet pour quatre écussons aux armes de la ville, qui furent placés aux quatre coins du cercueil du consul Drenon (André).
Mais quelles étaient alors ces armoiries? La plus ancienne mention détaillée qu'on en ait est celle contenue dans le registre des recettes et dépenses de l'an 1499, d'après laquelle Jean Boyer, peintre, reçut 7 florins à lui dus pour la peinture des armes de la ville de Grenoble et des roses faites en forme de penonceaux, peintes sur quatre feuilles de fer-blanc, pour porter aux processions, sur les flambeaux de ladite ville, et où sont peintes les armes de la ville.
On voit que les figures héraldiques des armes de Grenoble étaient déjà des roses, et que, pour offrir un double emblème, elles se trouvaient reproduites par la manière dont les penonceaux armoriés étaient découpés. Le choix de cette fleur, souvent adoptée comme symbole des Grâces; est, dit-on, une allusion au mot gratia, qui entre dans la composition du nom latin de Grenobe, Gratianopolis.
Des personnes, ignorant l'ancienneté des armes de Grenoble, ont pensé que le duc de Lesdiguières, s'étant emparé de cette ville en 1590, et l'ayant agrandie et fortifiée, lui avait donné les roses qui chargent le chef de ses armes. Mais c'est au contraire, sans doute, Lesdiguières qui emprunta à Grenoble ces pièces héraldiques pour les ajouter à son blason; jusqu'alors il portait, dit-on, simplement: de gueules, au lion d'or.
La vérification des armoiries de Grenoble, prescrite par le décret du 17 mai 1809 et par l'ordonnance du 26 décembre 1814, coûta, en 1809, la somme de 600 francs, et en 1826, celle de 192 francs. Grâce à ces régularisations, l'écu héraldique de Grenoble figurait sur les pliants de la salle du trône sous l'Empire et sous la monarchie de 1814 et de 1830.

Histoire

Placée par l'empereur Barberousse sous la tutelle de ses évêques, Grenoble reçut d'un de ses prélats ses premiers privilèges (1242). Capitale du Dauphiné, cédée à la France (1349), Grenoble eut pour seigneurs les dauphins héritiers du trône de France. Louis XI y résida avant son règne et y établit un parlement (1451). Pendant les guerres de religion, Grenoble fut conquise par le chef protestant Lesdiguières (1590), qui reçut de Henri IV le gouvernement du Dauphiné. La capitale du Dauphiné manifesta un grand zèle pour les idées réformatrices, au début de la Révolution. Lors du retour de l'île d'Elbe (1815), elle se livra spontanément à Napoléon.