BOREL D'HAUTERIVE : Histoire des armoiries des Villes de France

Armoiries, armes, blason, écu: dessin réalisé avec Euralsuite.
Dernière pagePage suivantePage précédentePremière page

LILLE

ARMES: de gueules, à une fleur de lis d'argent.

La capitale de la Flandre française a des armoiries aussi simples qu'anciennes. Si nous voulons bien croire les explications de ses historiens, ce sont des armes parlantes, et l'on écrivait et disait autrefois une fleur de l'Isle ou de Lille (Victor Derode, tome II, page 286). Ce qu'il y a de certain, c'est que, dès le douzième siècle, cette fleur figurait déjà dans son blason.
Le plus ancien sceau de toute la collection des Archives nationales est celui qui est appendu au bas de la charte de 1199, par laquelle la commune de Lille jura la paix conclue entre Philippe-Auguste et le comte de Flandres. Il représente une fleur de lis épanouie. Légende: SIGILL... SCA... RUM ET JURAT... INSULAE.

D'autres sceaux du treizième et du quatorzième siècle semblent prouver que l'écu de Lille perdit de sa simplicité primitive par l'addition de deux lions qui rappelaient sans doute les armes du comté de Flandres. Mais cette altération dut disparaître lorsque Lille devint française.
Sous l'empire, Lille reçut pour armoiries: coupé, au 1er d'azur, au drapeau en barre d'argent, orlé d'or; au 2e de gueules, à la ville fortifiée et bombardée d'argent, au chef cousu des bonnes villes. C'était en mémoire du fameux siège de 1792.
A la Restauration, la capitale de la Flandre a repris son ancienne fleur de lis. On ne lui donne pas ordinairement le chef de France, quoiqu'elle ait le droit de le prendre; cela vient sans doute de ce que les pièces héraldiques du chef seraient de même nature que celle de l'écu.
Malgré la simplicité de ce blason, l'Armorial de Traversier a commis une erreur dans leur peinture et leur description. Il les représente: d'azur, à une fleur de lis d'or.

Histoire

Lille tire son nom d'un village entouré d'eau, où était un château datant des derniers siècles de la domination romaine. Elle appartenait aux comtes de Flandre, tomba en 1054 au pouvoir Henri III, mais fut reprise. En 1213, elle eut à subir trois sièges ; deux de la part de Philippe Auguste, un du comte Ferrand, et fut détruite. Elle fut réunie par Philippe le Bel au domaine royal après un siège en 1297, mais restituée par Philippe le Hardi. Elle passa à la Maison d'Autriche, de là subit la domination espagnole durant deux siècles. Louis XIV la prit en 1667, la fit fortifier par Vauban, et la ville, reprise par les alliés en 1708, fut rendue à la France par le traité d'Utrecht (1713), la ville subit un nouveau et terrible siège. Le corps des canonniers de Lille, institué en 1483, qui se distingua à tous ces sièges, en garde dans un musée des trophées.