BOREL D'HAUTERIVE : Histoire des armoiries des Villes de France

Armoiries, armes, blason, écu: dessin réalisé avec Euralsuite.
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RENNES

ARMES: pallé d'argent et de sable, au chef d'argent, chargé de cinq mouchetures d'hermine.

Tous les historiens, tous les armoriaux de Bretagne qui ont donné l'écu de la ville de Rennes, le blasonnent uniformément, à l'exception des mouchetures du chef, que quelques-uns ne portent qu'à quatre. Quant à l'origine de cet écu, on ne possède que peu de renseignements. Dom Lobineau, dom Morice, ne parlent même pas des armoiries des cités bretonnes; et Ogée, dans son savant dictionnaire, se contente de les décrire quelquefois, sans jamais en rechercher l'origine. C'est ce qu'il a fait pour Rennes.
Gilles de Languedoc, greffier de la commune de Rennes en 1697, s'est seul occupé de l'origine des armoiries de sa ville natale, dans son savant recueil historique inédit, dont M. de Laubrière, aussi obligeant qu'érudit, a bien voulu nous confier une copie.

Il rapporte que les plus anciennes pièces constatant l'existence de la commune de Rennes sont de 1410 et 1418, mais qu'en 1523 seulement, un arrêté ordonna qu'il serait fait pour sceller ses actes deux sceaux d'argent, gravés aux armes de la ville. Les matrices de ces sceaux ont été perdues, mais les empreintes apposées au bas de divers actes et les écussons sculptés sur les portes des hospices de Sainte-Anne et Saint-Yves nous apprennent qu'alors le blason de Rennes était: d'argent, à trois pals de sable, au chef semé d'hermine.
L'ignorance des peintres et des sculpteurs, ajoute Languedoc, a transformé le champ en un pallé par sa division en six pals égaux, et elle a réduit à quatre les taches d'hermines, ou à cinq, comme d'Hozier l'a enregistré dans l'Armorial officiel de 1699.
Les pals de Rennes rappellent, dit-on, les palissades de la ville qui a soutenu au quatorzième siècle de si nombreux siéges. Le chef d'hermine était les armes de Bretagne.

Histoire

Rennes fut une des premières cités gauloises de l'Armorique, capitale des Rhedons. Sous les carolingiens, le comté de Rennes fit partie de la Marche de Bretagne jusqu'à ce que le roi breton Noménoé enlevât définitivement la ville à Charles le Chauve (843). Rennes devint bientôt la capitale de la Bretagne ; c'est dans sa cathédrale que les nouveaux ducs de Bretagne venaient recevoir la consécration de leur pouvoir. Les privilèges de la ville s'accrurent au temps de la réunion de la Bretagne à la France. En 1553, Henri II fonda le parlement de Rennes, où était aussi un hôtel des monnaies. Au temps de la Ligue, le duc de Mercoeur s'empara de la ville et y exita de nombreux désordres auxquels mit fin l'abjuration de Henri IV. Rennes eût, de même, beaucoup à souffrir des désordres qu'y causa la révolte de 1675 en Bretagne. Au XVIIIème siècle, la ville devait prendre une part importante à la lutte que les états de Bretagne et le parlement soutinrent contre le duc d'Aiguillon (1768-1770).